HYPOCRISIE / EX-VOTO

 

Avant d’attaquer un os, je le prends plusieurs jours en main, le triture, le lisse, me familiarise avec sa forme, ses aspects doux, rugueux, ronds, je le pense en tant qu’ex-être, l’associant à mon propre corps, mon poignet le plus souvent…base de ma main qui le travaillera. J’attends qu’il me parle, je trouve en lui des associations aux images fortes d’histoires passées ou récentes qui me hantent.

Comme dans tout mon travail le personnel s’ouvre et résonne sur des faits divers ou d’actualité d’ici ou d’ailleurs, guerre, folie, injustice, irrespect … L’histoire se dessine à l’encre de Chine sur cet anneau osseux, se répétant à l’infini.

J’ai appelé la série «hypocrisie» car la première fois que j’ai réalisé la beauté de ce morceau de corps, j’étais plongée dans ma propre hypocrisie, celle de manger des animaux qui subissent des traitements inacceptables et d’adorer leur goût, celle de vivre une vie, un monde, dans lesquels je me sens si mal et de continuer malgré cela à faire semblant de bonheur. 

Dans mon travail, je considère l’acte de création comme une recherche, une quête, c’est à son achèvement que je le comprends ou c’est peut-être quand je le comprends que j’y mets fin, comme un aboutissement thérapeutique.

J’ai commencé les ex-voto en 2013 et la série continue aujourd’hui.